Les origines de Plaisance.
Le problème des origines de Plaisance a été abordé en 1971 par M. J. Bousquet à propos de l'identification de " La Bastide de Guillaume Aton", localité mentionnée au XIIIe siècle : " Serait-elle celle qui est appelée ensuite la Bastide-Teulat, puis La Bastide-Solages ? Ou Plaisance elle-même, qui porte un nom typique et dont on ignore complètement l'origine ?".
La Bastide en question est citée en 1246 dans les termes suivants: Terra autem domine Saure haec est Bastida Guillelmi Atonis, Castlarium et Farreirolas . On sait par ailleurs que dans un texte de 1199 Dame Saure atteste qu'elle est la femme de Guillaume Aton ( Ego Saura, uxor supradicti Guillelmi Atonis ), qui venait d'être nommé expressément dans le même texte Guillelmus Ato de Curvalla ( F. Pasquier, pp, 52-56 ).
Ce texte signifie que Saure de Caylus possédait en propre non seulement le Cayla (cne de Martrin) et Farreyrolles (et non "Faveyrolles", comme l'a lu M. J. Bousquet ; même cne), mais aussi une "Bastide" portant le nom de son fondateur. Or ce Guillaume Aton est probablement Guillaume Aton de Curvalle mentionné en 1151 dans le Cartulaire de Sylvanès (pp. 333-334). Cette hypothèse est confortée par le fait qu'en 1261 Bernard Escafre, donzel de Curvalle reconnaît tenir du comte de Toulouse: quidquid habeo in Bastida que fuit domine Saure de Castlucio, que est in dyocesi Ruthenensi ( E. Cabié, p. 107).
Il semble donc finalement que le village actuel de Plaisance dont le nom n'apparaît qu'en 1271 lorsque la localité devient propriété du roi de France et qui est par ailleurs mentionnée en 1298 en même temps que celui de la Bastide-Teulat - ce qui exclut la première hypothèse envisagée par M. J. Bousquet - était à l'origine un point d'appui fortifié (c'est ici et à cette date le sens du mot bastida, comme à la Bastide-Pradines et à la Bastide de Gaillergues, dans l'Hérault), crée au XIIe siècle par le seigneur voisin de Curvalle et qui s'appela successivement La Bastide de Guillaume Aton, puis La Bastide de Dame Saure de Caylus, avant de prendre, à l'initiative probablement de l'administration royale, un nom plus prestigieux, alors à la mode - on le retrouve dans le Sud-Ouest, à Plaisance du Touch - emprunté à une puissante ville italienne. Dans la région, notamment dans de Tarn, des toponymes analogues ont été transplantés d'Espagne, tels Cordes, Pampelonne, Valence et plus anciennement, Cadix.
Après l'intégration au domaine de la couronne, le plein développement de la bourgade se manifeste au XIVe siècle, comme on le voit en examinant les documents contenus dans la liasse St-Félix 24 du fonds de Malte: Les actes notariaux concernant la Commanderie de Martrin sont passés en effet à Curvalle en 1225, en 1259 et en 1284, tandis qu'en 1361 il est question de Bertrand Ebrard, notaire de Plaisance.
D'abord simple annexe du puissant château de Curvalle, Plaisance doit son nom et son essor au roi de France qui était représenté sur place en 1361 par le seigneur Pierre de Panat. Ainsi s'expliquerait que sur la croix de St-Laurent il y ait tout en haut du croisillon vertical, au-dessus même du monogramme du Christ, et en plus des croix de Malte ainsi que du sautoir des Panat, respectivement gravés sur le revers et au bas du croisillon vertical, une fleur de lis, symbole de l'autorité souveraine.
André Soutou
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